Etude de l’impact des discours et actions des mouvements de anti-genres sur la mobilisation communautaire LGBTQI et le mouvement du travail de sexe en Afrique de l’Ouest

Contexte

En 2022, Queer African Youth Network (QAYN) et Initiative Sankofa d’Afrique de l’Ouest (ISDAO) ont co-publié « Qui peur du genre, étude sur l’idéologie du genre et les campagnes anti-genre qui la soutiennent au Burkina Faso, au Ghana et au Sénégal afin de mieux comprendre la structure, l’organisation et la manifestation des mouvements dits “anti-genres” en Afrique de l’Ouest. »

En effet, première du genre dans la sous-région, cette étude a révélé l’existence des mouvements anti-genres dans ces trois pays concernés par l’étude. Ces mouvements, plus ou moins organisés, ont des agendas communs : déconstruire tous les acquis de préservation des droits des femmes dans leur diversités socio-professionnelles et identitaires, et des personnes LGBTQI avec l’appui des politiques et dans la mobilisation populaire.

Il y’a quelques années, au Burkina Faso, un groupe de religieux a fait ordonner l’incendie d’une maison close historique occupée par des travailleuses de sexe dans la ville de Bobo-Dioulasso. Depuis s’en ait suivi des attaques régulières de maisons closes et une augmentation des abus et des agressions publiques des travailleuses dans cette ville réputée historiquement paisible à l’endroit des travailleuses de sexe.

Depuis 2021, dans la ville de Bamako et d’autres grandes villes au Mali, les organisations de lutte contre le VIH/SIDA ont recensé des attaques régulières des domiciles des travailleuses de sexe. Ces attaques sont dirigées par des jeunes se revendiquant d’organisations religieuses musulmanes.

Au Sénégal, les mouvements religieux Jamra et And Samm Jikko, en plus d’être très vocales en tant que mouvement anti-LGBTQI, ont tenté d’endurcir la criminalisation déjà existante au Sénégal à l’endroit des personnes LGBTQI en proposant une loi au Parlement. Très récemment, à l’intérieur du pays, dans la ville de Kaolack, un groupe de personnes issues d’un mouvement religieux, ont procédé à l’exhumation dans un cimetière, puis à l’incinération à la place publique de la dépouille mortelle d’une personne supposée « homosexuelle ». Un évènement précédent avait eu lieu en 2008, où le corps d’une personne supposée « homosexuelle » avait été exhumé puis traîné dans la rue avant d’être abandonné devant le domicile de ses parents. Une fatwa régulière est lancée au Sénégal contre les communautés LGBTQI.

En plus de ces actions, au Mali, au Burkina Faso, au Sénégal, en Côte d’Ivoire au Nigéria, etc. des producteurs-rices de contenus digitaux présent-es sur les réseaux sociaux, s’organisent dans la propagande anti-LGBTQI allant des discours de haines, à un appel clair au lynchage et au meurtre des personnes LGBTQI avec le soutien de leaders religieux dans ces pays.

Des actions similaires ont lieu dans d’autres pays dans la sous-région et sont généralement documentées par la presse locale et/ou internationale.

Ces discours et actions des acteurs et mouvements anti-genres ont un impact considérable sur l’organisation des mouvements LGBTQI et les mouvements de travailleurs et travailleuses de sexe. Dans les espaces de conversations formelles ou informelles, les militant-es et les acteur-rices de justice sociale impliqué-es dans ces mouvements en parlent. Mais comment se manifestent ces impacts ? Comment affectent-ils le contexte historiquement hostile pour ces communautés ? Comment les mouvements se réorganisent-ils pour contrecarrer les actions et discours anti-genre ?

C’est pourquoi l’ISDAO en tant que fonds féministe dirigé par les communautés LGBTQI et à par le biais de l’Initiative Spécial Love Alliance, entend conduire une étude évaluative de l’impact des discours et actions des acteur-rices anti-genres sur les mouvements LGBTQI et les mouvements de travail de sexe en Afrique de l’Ouest, avec un focus sur les neuf pays focaux de l’ISDAO.

En collaboration avec le Directeur des Communications et de la Gestion des Connaissances, le/la consultant-e coordonnera la réalisation de l’étude y compris le développement des questionnaires et le cadre de collecte des données, ainsi que la rédaction du rapport final.

Guidé-e par les principes de recherches féministe, le ou la consultant.e proposera une approche méthodologique à appliquer dans le cadre de cette étude. Elle sera à la fois documentaire/quantitative et qualitative. Elle aura pour cibles, divers acteurs-rices et parties prenantes entre autres les organisations LGBTQI et travailleur-euses de sexe ; les organisations et acteur-rices clés anti-genre, les communautés de minorités sexuelles et de genre, les leaders d’opinion et certains personnels des secteurs et /ou services étatiques en matière de santé, d’action sociale, de justice et de sécurité des pays concernés, quelques bailleurs de fonds intervenants dans la sous-région. Il s’agira alors de proposer une méthodologie appropriée pour l’étude qui permettrait de cerner tous les aspects analytiques possibles des impacts des actions et des discours des acteur-rices anti-genres sur les mouvements LGBTQI et les mouvements de travail de sexe en Afrique de l’Ouest.

Livrable et Formats

Le rapport final devra être en anglais ou en français. Il sera élaboré comme suit :

• Un rapport provisoire de recherche répondant aux objectifs général et spécifiques de la mission.
• Un rapport de l’atelier de validation des résultats de la recherche.
• Un rapport final de recherche avec des recommandations.

Objectif de la consultation

Objectif général :

De manière générale, l’objectif de cette étude est de faire par le biais d’une approche féministe, une analyse évaluative de l’impact des discours et des actions des acteur-rices anti-genre sur l’organisation des mouvements LGBTQI et des mouvements de travail de sexe en Afrique de l’Ouest.

Objectifs spécifiques :

De façon spécifique, il s’agit :

• De produire une analyse évaluative des impacts des discours et actions des acteur-rices  anti-genre sur les mouvements de travailleurs-euses de sexe et les mouvements LGBTQI en Afrique de l’Ouest, avec un focus sur les 9 pays focaux de ISDAO (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Liberia, Mali, Nigeria, Sénégal et Togo).
• D’analyser ces impacts sur les différents angles suivant mais sans s’y limiter : psychologique, communautaire, politique et philanthropique sur l’organisation des mouvements LGBTQI et des mouvements de travailleur-euses de sexe en Afrique de l’Ouest.
• D’obtenir des recommandations auprès des acteurs-rices clés (en particulier, les mouvements communautaires, mouvements féministes et acteurs-rices philanthropiques)  pour mitiger ces impacts sur l’organisation des mouvements LGBTQI et des mouvements des travailleurs-euses de sexe en Afrique de l’Ouest.

Cette étude devrait permettre d’obtenir un rapport analytique des impacts des discours et des actions des acteur-rices anti-genres sur les mouvements LGBTQI et les mouvements de travailleurs-euses de sexe. Le rapport d’ étude devra présenter les impacts suivants mais sans s’y limiter les impacts émotionnels, les impacts dans les mobilisations communautaires, les impacts dans les processus de plaidoyer, les impacts sur le contexte juridique, les impacts dans la mobilisation et la sauvegarde des ressources financières, les impacts dans l’offre et le suivi des soins par les personnes concernées.

Le rapport de l’étude comprendra également la formulation de recommandations aux actrices-teurs communautaires, aux partenaires techniques et aux secteurs de la philanthropie sur les approches d’intervention pour mitiger ces impacts.

La mission est estimée durer 45 jours étalés sur 4 mois, de mars  2024 à juillet 2024, avec des collectes de données sur le terrain et à distance.

Le ou la consultant.e proposera un chronogramme détaillé de la mission en fonction de ces durées, de sa méthodologie et des activités clés qu’exigent sa mission y compris la validation de la méthodologie et du rapport de recherche. La mission de recherche se fera en Afrique de l’Ouest avec un focus sur les 9 pays focaux de l’ISDAO.

Profil du/de la consultant-e

Nous recherchons un-e consultant-e expérimenté-e dans les évaluations et la collectes des données dans le secteur de la philanthropie, les organisations internationales non gouvernementales (ONG) en Afrique :

• Le/la consultant-e doit avoir une expérience avérée dans le domaine de la recherche en sciences sociales en Afrique et à l’analyse des données quantitatives et qualitatives,
• Le/la consultant-e doit avoir un engagement manifeste en faveur des droits LGBTQI, des travailleuses de sexes, des droits des femmes et/ou des questions liées au genre.
• Le/la consultant-e doit avoir une expérience dans la direction et/ou la réalisation de recherches dans le cadre d’un projet multinational.
• Le/la consultant-e doit avoir une expérience dans la recherche dans au moins un des pays focus de l’ISDAO,
• Le/la consultant-e devrait être en mesure de travailler avec une équipe plurilinguistique et multi-géographique,
• Le/la consultant-e doit avoir une connaissance du mouvement LGBTQI en Afrique de l’Ouest et/ou du mouvement du travail de sexe en Afrique de l’Ouest et une compréhension des obstacles, des contraintes et des défis auxquels les organisations travaillant sur les questions LGBTQI sont confrontées,
• Le/la consultant-e doit être en mesure de travailler pour cette mission en français et en anglais

Le/la consultant-e travaillera en collaboration directe avec le Directeur des Communications et de la Gestion des Connaissances de l’ISDAO.

Les candidat-e-s intéressé-e-s par cette mission peuvent envoyer leur candidature pour examen, y compris

• Une offre technique, qui comprend une description des raisons pour lesquelles elles-ils sont intéressé-es par cette mission et des expériences pertinentes,
• Une offre financière,
• Deux références de clients-e anciens-nes et / ou actuels/les
• CV(s) de la ou des personne(s) clé(s) pour cette mission

Les candidatures doivent être envoyées en français et en anglais.

Les candidatures doivent être envoyées à ISDAO à recruit@isdao.org, avec la référence « Impacts Anti-genres » au plus tard Lundi 25 mars 2024.

NB. Les candidatures d’équipes de consultant-es sont également acceptées.