En Afrique de l’Ouest, les lesbiennes, gaies, bisexuel-les, transgenres et queer (LGBTQ) vivent dans un environnement de plus en plus hostile. Au cours des dernières années, une forte augmentation des lois homophobes, de la violence et des arrestations ont fixé une nouvelle attention sur les luttes des personnes LGBTQ dans la région. Historiquement, les homosexuels et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) ont retenu l’attention des philanthropes, notamment en réponse à la pandémie du VIH/SIDA. Ce qui relègue au second plan les problèmes auxquels sont confrontés les lesbiennes, les femmes bisexuelles, les trans, et d’autres ouest-africains identifiés comme queer et genre non conforme.
Toutefois, au cours des dernières années, de nouvelles organisations LGBTQ d’assise plus large ont fait leur apparition, souvent sous la conduite de femmes queer ou au genre non conforme. Ces organisations se trouvent confrontées à de nombreux défis, parfois semblables, dans l’établissement de leur structure et le soutien de leur travail et ce, particulièrement en Afrique francophone où l’infrastructure de la société civile LGBTQ est relativement faible.
Pour relever ces défis – et suite à un intérêt croissant des bailleurs de fonds dans l’activisme LGBTQ en Afrique de l’Ouest – un groupe d’activistes et de bailleurs de fonds s’est réuni pour discuter de la nécessité de mettre en place un fonds dirigé et géré par les activistes en Afrique de l’Ouest.
Des Représentantes de American Jewish World Service (AJWS), de Astraea Lesbian Foundation for Justice, Foundation for a Just Society (FJS), The East African Sexual Health and Rights Initiative (UHAI-EASHRI) et la Queer African Youth Network (QAYN) ont formé un « Brain Trust » pour entamer un processus exploratoire et participatif en vue de la mise en place du Fonds. Dans ce but, le Brain Trust a mobilisé des fonds pour procéder à une cartographie de l’activisme LGBTQ en Afrique de l’Ouest et une analyse du paysage du financement, d’une part, et de l’autre, a organisé des rencontres sous-régionales avec les activistes LGBTQ et d’autres parties prenantes pour identifier le modèle idéal pour le fonds et les priorités.
Entre 2014 et 2015, une équipe de six consultant-e-s a mené la cartographie des organisations LGBTQ en Afrique de l’Ouest à laquelle 50 groupes et 180 activistes de neuf pays ont participés: Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Libéria, Mali, Nigeria, Sénégal et Togo.
En Juillet, lors de la conférence « Changing Faces, Changing Spaces » au Kenya, une rencontre avec des bailleurs de fonds et un panel avec des activistes de la sous région ont permis de partager les premiers résultats de la cartographie à un public plus large.
Au mois d’Août, la première rencontre sous régionale a été organisée en Côte d’Ivoire, avec 38 activistes de neuf pays, ainsi que des représentant-e- s de Pan-Africa ILGA, de la Coalition des lesbiennes africaines (CAL) et de UHAI-EASHRI. Lors de cette rencontre, les participant-e-s ont validé le rapport préliminaire de la cartographie, ont discuté des attentes vis-à- vis du fonds, et ont renforcé leurs compréhensions des modèles de fonds participatifs.
Suite à cette rencontre et en réponse aux recommandations des activistes, un processus de nomination directe et un appel à candidature a permis la mise en place d’un Comité directeur intérimaire (CDI) composé d’activistes du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Libéria, du Nigeria et du Togo. Le CDI avait pour mandat, de délibérer, de prendre des décisions, et de fournir une orientation stratégique afin de définir la mission, les objectifs, et le mécanisme de fonctionnement préliminaire de ISDAO.
Une deuxième rencontre sous régionale a eu lieu au Sénégal, en Novembre. Les participant-e-s ont examiné différents modèles de fonds participatifs et de structures de gouvernance, et ont défini une « feuille de route » pour engager l’étape opérationnelle du fonds.
Le rapport Nous existons : Cartographie des Organisations LGBTQ en Afrique de l’Ouest est lancé en Mars.
Le CDI développe le cadre stratégique pour l’ISDAO, y compris la vision, la mission, les principes directeurs, les stratégies clés et les objectifs à long terme. Entre Avril et Mai, le CDI a tenu des consultations sur le cadre stratégique au Burkina Faso, au Libéria, au Nigeria d’une part, et d’autre part, une consultation virtuelle avec plus de 60 participant-e-s du Burkina Faso, du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Ghana, de la Guinée Conakry, du Libéria, du Mali, du Nigeria, du Sénégal, du Togo et de la Diaspora a également eu lieu.
Au mois d’Août, le CDI est devenu un conseil d’administration intérimaire (CAI) et de nouveaux membres ont été recrutés. Le CAI a commissionné une analyse de l’environnement juridique et fiscal de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest pour déterminer où enregistrer le fonds.
A la fin de 2016, le Conseil d’administration se dissout.
Après une pause, l’ISDAO convoque un Comité consultatif de militant•es d’Afrique de l’Ouest pour finaliser le développement de l’ISDAO, en s’appuyant sur les bases posées par le Comité directeur intérimaire / Conseil et pour préparer un appel à projets pour 2018. Les membres du Groupe de Réflexion (Brain-Trust) et du Comité consultatif participent à la Conférence Changing Faces Changing Spaces au Kenya en juin pour tenir les activistes et les donateurs au courant du processus ISDAO et pour se connecter avec eux·elles.
En juillet, à la première réunion conjointe du Comité consultatif et du Brain-Trust, est formé le Groupe de gouvernance intérimaire (GGI) de l’ISDAO. Le GGI est composé de membres du Comité consultatif (quatre militant•es d’Afrique de l’Ouest, deux francophones et deux anglophones) et d’anciens membres de Brain-Trust, dont deux sont des membres votants. Le GGI décide que UHAI EASHRI va devenir l’hôte fiscal de l’ISDAO, dans le but éventuel d’établir l’ISDAO comme une organisme indépendant en Afrique de l’Ouest, et que les membres de l’équipe d’UHAI EASHRI siègeront au GGI en qualité de membres sans droit de vote.
En octobre, l’ISDAO publie un appel ouvert pour les membres supplémentaires du GGI.
En novembre, le GGI se réunit à Accra (Ghana) pour promouvoir le développement de l’ISDAO et pour rencontrer les militant·es et membres de la communauté LGBTQI locaux.
Trois nouveaux membres du GGI, tout•es militant·es d’Afrique de l’Ouest, rejoignent le GGI en janvier.
En mars, l’ISDAO a accordé sa première subvention à Pan-African ILGA (PAI) pour financer la participation de militant·es de l’Afrique de l’Ouest à la Conférence PAI de 2018 et pour assurer l’inclusion des francophones (par l’interprétariat en français et en anglais) lors de la Conférence.
En mai, le GGI élargi se réunit à Abidjan (Côte d’Ivoire) pour promouvoir le développement de l’ISDAO et pour rencontrer les militant·es et membres de la communauté LGBTQI locaux. Le GGI prend des décisions importantes nécessaires pour faire progresser le recrutement du personnel, les subventions et les communications en 2018.
Recrutement de la première Directrice Exécutive de l’ISDAO et d’autres membres du personnel.
Octroi de la première série de subventions décidée par les activistes de la région ouest africaine.
Accroissement du nombre de subventions accordées dans la région.
Face à la crise mondiale du Covid 19, ISDAO a octroyé des subventions de résilience aux groupes/organisations de la région. De plus, ISDAO a renforcé les subventions accordées pour prévenir la sûreté et la sécurité à travers le fonds Respond.
ISDAO a également élargit son portefeuille avec les Subventions Asanka afin soutenir spécifiquement les Initiatives Créatives du mouvement LGBTQI, et les subventions In Touch pour soutenir directement les capacités organisationnelles en Communication des groupes/organisations.